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vendredi 30 mai 2025
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Étudier au Maroc en tant qu’enfant de MRE : avantages, obstacles et réalités

Choisir de poursuivre ses études au Maroc en tant qu’enfant de la diaspora marocaine n’est pas un simple retour au pays. C’est une décision stratégique, souvent émotionnelle, qui soulève autant d’espoirs que de défis. Entre intégration culturelle, système éducatif, attentes familiales et réalités du terrain, cette expérience mérite une analyse approfondie.

Une démarche identitaire autant qu’éducative

Pour les familles des marocains du monde, inscrire leurs enfants dans un établissement au Maroc est souvent une démarche chargée de sens. Il ne s’agit pas seulement d’un choix d’études, mais d’un véritable retour aux racines. Pour ces jeunes, souvent nés ou grandis à l’étranger, le Maroc est autant une terre d’origine qu’un territoire à découvrir.

La langue, les coutumes, la religion, la famille élargie… étudier au Maroc devient un acte de reconnexion culturelle, une immersion dans une identité plurielle qui ne demande qu’à être explorée. Nombreux sont les parents qui souhaitent que leurs enfants renouent avec la darija, l’arabe classique ou l’amazighe, ainsi qu’avec les valeurs et le mode de vie marocain.

Une alternative économique et stratégique

Au-delà des motivations culturelles, le choix du Maroc répond aussi à des logiques économiques. Le coût des études supérieures dans les pays occidentaux en particulier en France, au Canada ou aux États-Unis a explosé ces dernières années. Le Maroc apparaît alors comme une option plus abordable, tout en maintenant une qualité acceptable, voire excellente dans certaines institutions.

Les écoles d’ingénieurs, de commerce, les facultés de médecine ou encore les établissements partenaires de structures européennes ou nord-américaines (type campus français ou double diplôme) offrent un curriculum attrayant. Le développement de programmes anglophones et francophones dans le privé comme dans le public permet aussi de répondre aux attentes académiques internationales.

Un choc culturel parfois sous-estimé

Malgré le lien familial et culturel, étudier au Maroc peut s’avérer déroutant pour un enfant MRE. L’environnement scolaire, les relations avec les professeurs, les méthodes d’enseignement ou les exigences pédagogiques diffèrent de ce que ces jeunes ont connu à l’étranger.

Le rapport à l’autorité, encore très vertical dans de nombreux établissements, peut créer une sensation de régression. Les pratiques d’apprentissage mémoriel, le manque d’encouragement à la pensée critique, ou encore les classes surchargées, sont autant d’obstacles à une intégration sereine.

Sur le plan social, l’enfant MRE peut être perçu comme un « semi-étranger ». Sa façon de parler, de s’habiller, ses références culturelles peuvent susciter fascination mais aussi moqueries ou rejet. Il lui faudra parfois plusieurs mois, voire années, pour se sentir pleinement à l’aise.

Un système éducatif en mutation, mais inégal

L’éducation au Maroc fait l’objet de réformes successives. Le nouveau modèle de développement adopté en 2021 prévoit d’importants investissements dans l’éducation, notamment pour réduire les inégalités territoriales, revaloriser le métier d’enseignant et développer les compétences du XXIe siècle (numérique, langues, esprit critique, etc.).

Toutefois, ces avancées tardent à se faire sentir de manière homogène. Le fossé entre l’enseignement public et privé reste profond. Les écoles internationales ou labellisées attirent les enfants MRE, mais elles sont coûteuses. Le choix d’une scolarisation dans le public, souvent par défaut, peut s’avérer déstabilisant pour les familles mal informées.

Accompagnement institutionnel : encore à consolider

La Fondation Hassan II pour les MRE, le Ministère des MRE, ou encore certaines associations de la diaspora proposent des dispositifs d’accompagnement : bourses, orientations, accueils scolaires, aides administratives. Toutefois, ces initiatives restent souvent peu connues ou insuffisamment accessibles.

Une meilleure coordination entre les ambassades, les consulats, les rectorats marocains et les familles MRE permettrait d’anticiper les problèmes d’intégration scolaire et de proposer un suivi personnalisé. De même, des dispositifs d’écoute psychologique et de soutien à l’adaptation culturelle pourraient éviter les décrochages ou les retours prématurés.

L’expérience MRE : entre enrichissement personnel et défis identitaires

Malgré les difficultés, étudier au Maroc permet souvent aux jeunes MRE de se forger une identité plus riche, de créer des ponts entre deux cultures et de développer des compétences interculturelles rares. Ce bagage devient un atout précieux dans un monde globalisé.

Beaucoup de ces jeunes, devenus adultes, choisissent ensuite de valoriser leur double ancrage pour entreprendre, enseigner, investir ou militer entre les deux rives. L’expérience marocaine devient ainsi un élément fondateur de leur parcours de vie.

Pour une intégration réussie, un engagement collectif est nécessaire

Le choix d’étudier au Maroc en tant qu’enfant de MRE est une aventure humaine, identitaire et pédagogique à part entière. Pour que cette expérience soit une réussite, elle doit être préparée en amont, accompagnée tout au long du parcours et soutenue par des politiques publiques cohérentes et inclusives.

Le Maroc a aujourd’hui une opportunité unique : celle de capitaliser sur sa diaspora comme relais d’influence, d’innovation et de compétences. Cela passe par une meilleure intégration des enfants MRE dans son système éducatif. Un défi d’aujourd’hui, un pari pour demain.

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