En 2021, ils étaient plus de 5 millions de Marocains établis à l’étranger. Représentant environ 15 % de la population marocaine, il était nécessaire qu’une politique avisée leur soit dédiée. C’est ainsi que dans son discours d’août 2022, le Roi Mohamed VI a appelé à la mise en place d’un mécanisme visant à établir une relation structurelle suivie avec tous les Marocains installés sous d’autres cieux, y compris nos ressortissants de confession juive. Le Souverain a appelé à reconsidérer le modèle de gouvernance des institutions existantes afin d’en rehausser la complémentarité vis-à-vis des aspirations des Marocains du monde.
L’Europe, premier continent d’accueil des Marocains
Selon une enquête du Haut-Commissariat au Plan, près de 78 % (3.900.000 personnes) des Marocains installés actuellement à l’étranger ont quitté le Maroc durant la période 2000-2018 et 24 % (1.200.000 individus) d’entre eux depuis l’année 2015. Ils sont donc plus de 89 % à vivre en Europe. Pour sa part, le Conseil économique, social et environnemental précise qu’à ces 5 millions de personnes inscrites dans les consulats, il convient d’ajouter les Marocains non immatriculés auprès des consulats et les binationaux nés au Maroc ou à l’étranger. Ce qui porterait le nombre de la communauté marocaine à l’étranger à un effectif compris entre 6 et 6,5 millions de personnes.
Diaspora marocaine, concept ou réalité ?
Selon une définition académique, la diaspora se constitue suite à une émigration massive due à des traumatismes majeurs comme les catastrophes naturelles, l’insécurité alimentaire ou la guerre. Il serait donc inexact de qualifier la communauté de diaspora, les Marocains ayant quitté le Maroc par vagues successives d’émigration de travail, puis par regroupement familial puis par départs décidés individuellement pour causes personnelles. Outre l’Europe qui reçoit donc plus de 89 % de la population expatriée, cette communauté est aussi dispersée dans plus de 100 pays à travers les cinq continents. Fait à relever : les hommes sont partout supérieurs en nombre aux femmes, sauf pour l’Asie qui compte 108.414 femmes pour 94.319 hommes.
Une migration économique
Pourquoi les Marocains émigrent ? Les motifs, selon l’enquête du HCP et du CESE, sont d’ordre prioritairement économiques et sociaux, avec 53 % des gens quittant le Maroc pour les opportunités d’emploi, l’amélioration de leurs conditions de vie, la scolarité et l’avenir de leurs enfants, puis par la volonté de poursuivre leurs études. 24 % expliquent leur décision de s’expatrier pour raisons de regroupement familial. Autre chiffre éloquent, issu d’un sondage réalisé par « le Baromètre arabe » : 34% des personnes interviewées déclarent souhaiter émigrer, principalement, pour des raisons économiques, la moitié de cet effectif étant constituée de jeunes en début de carrière, âgés de 18 à 29 ans et 40 % étant des diplômés universitaires.
Des transferts en hausse
Il y a une question qui demeure très importante, en l’occurrence celle des transferts d’argent. Alors qu’ils étaient de 62 milliards MAD en 2016 et de 68 milliards MAD en 2020, les transferts ont bondi à 93 milliards en 2021, à 109 milliards en 2022 et à 115 milliards en 2023, soit un doublement en sept années. Il y a certes eu la pandémie qui justifie cette augmentation des transferts, mais celle-ci est passée et la crue s’est poursuivie. Ce qui dénote, s’il fallait une preuve supplémentaire, de l’attachement des MDM à leur pays et à leurs familles.
Des expatriés engagés dans le développement de leur pays d’origine
Mais au-delà de leur force économique et financière, les Marocains Du Monde représentent une extraordinaire force de Soft Power, car, en effet, les Marocains sont et demeurent fortement attachés à leur pays d’origine. Ainsi, 58,6 % de nos MDM disent vouloir contribuer au progrès du royaume par les transferts et le développement de savoir-faire, et 54,5 % via la promotion du rayonnement du royaume, bien plus que celles et ceux qui pensent qu’ils peuvent aider le Maroc par les transferts d’argent (44,5 %). Ils sont, en outre, 40,5 % à affirmer vouloir participer à la vie politique du pays. Ceci étant, 82,7 % insistent sur l’importance de la fluidification des procédures administratives et judiciaires.