On sait que les Marocains sont cosmopolites, dans le sens où il est coutumier d’entendre cette phrase « les Marocains, on les trouve partout », et c’est vrai. Cette tendance est due à l’anthropologie des Marocains qui, de par leur position géographique et malgré les protections naturelles, sont naturellement ouverts sur les autres. Mais, depuis quelques années, cette propension évolue et s’élargit encore davantage, et de nouvelles destinations se profilent à l’horizon de nos émigrés.
Cap sur l’Europe de l’Est et l’Asie
Ainsi, si la France, l’Espagne et l’Italie représentaient en 2020, respectivement, 31%, 23% et 19% des MDM, soit environ les trois quarts de notre communauté de 5 millions de personnes résidant en dehors du Maroc, d’autres destinations attirent de plus en plus nos compatriotes. Ce sont des pays qui n’entrent pas dans le tableau des grandes destinations traditionnelles, ni dans celui des plus récentes comme l’Europe occidentale, l’Amérique du Nord et les pays arabes du Golfe arabique.
Ces autres pays de migration sont les pays de l’Est européen comme l’Ukraine et la Russie vers lesquelles de plus en plus d’étudiants se sont dirigés avant la guerre, soit, respectivement, 7.500 et 3.400. Il y a aussi la Chine et la Corée du Sud, la première attractive pour ses études mais aussi, et de plus en plus, en opportunités d’emploi. A titre indicatif, au début de la crise Covid, le Maroc avait rapatrié près de 180 de ses ressortissants de la seule ville de Yu Han, la plupart étant étudiants. Quant à la Corée du Sud, les occasions de travail et d’études y sont de plus en plus nombreuses et le nombre de Marocains qui y vont est en nette croissance.
Il n’existe pas de chiffres officiels significatifs ou véritablement fiables concernant ces nouvelles destinations, mais, pour chacun de ces pays, les migrants marocains se comptent par centaines, parfois par milliers. Selon des indications officieuses, ils sont généralement de jeunes étudiants ou de nouveaux arrivés sur le marché du travail, avec juste un peu plus d’hommes que de femmes.
Nouvelles terres d’accueil
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) indique que « si l’Europe a jusqu’ici accueilli la majorité de l’émigration marocaine (89%), on rencontre désormais des Marocains installés dans plus de 100 pays ». En dehors de la France et de l’Espagne, premières destinations d’accueil de nos ressortissants, le CESE ajoute que les pays vers lesquels les taux de croissance des flux marocains d’émigration ont été les plus importants entre 1990 et 2020 sont « l’Amérique du Nord (près de 400% de croissance du flux vers les Etats-Unis et plus de 350% vers le Canada), vers l’Italie, les pays du Golfe et les pays nordiques (Suède et Norvège) ».
Ainsi, les pays du Golfe sont considérés comme de nouvelles terres d’émigration pour les Marocains, la population de MDM ayant tout simplement triplé en une seule décennie : de 2012 à 2021, les Marocains dans la péninsule arabique sont passés de 60.127 à 176.264. La migration marocaine a donc doublé en Arabie Saoudite, quintuplé aux EAU et septuplé au Qatar.
Quant aux Etats-Unis, il s’agit d’une destination encore mal étudiée et peu connue pour les Marocains. Mais l’estimation de 300.000 ressortissants du Royaume dans ce pays est exagérée, le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger estime cet effectif aux Etats-Unis à la moitié seulement, environ 150.000 personnes… contre 8.420 au début des années 1980 !
Pour le Canada, le chiffre de 300.000 est aussi avancé, mais il est très compliqué de le déterminer avec précision car selon un recensement effectué en 2021 par le Canada, seulement 58.000 personnes déclarent être originaires du Maroc tandis que les chiffres consulaires tournent autour de 100.000 personnes.
Il faudra donc attendre le recensement général de la population de 2024 pour faire une radioscopie des nouvelles tendances et des chiffres de l’émigration marocaine. Une chose est sûre, « les Marocains, on les trouve partout » n’est pas qu’un adage, c’est une réalité… ou presque.
Sources
- CESE, « Renforcer le lien intergénérationnel entre les Marocain(e)s du Monde et le Maroc : Les chances et les défis », 2022 ;
- « Marocains de l’extérieur, 2021 », Fondation Hassan II pour les MRE.