À l’ère du numérique, les frontières s’estompent, les récits s’internationalisent et les identités se recomposent. Le Maroc n’échappe pas à cette dynamique. Mieux encore, il en devient un acteur stratégique. Loin de n’être qu’un territoire géographique, le Royaume s’impose désormais comme une puissance d’influence mondiale, portée par sa diaspora hyperconnectée, une jeunesse créative et une vision étendue de la culture et de l’innovation. Le rayonnement du Maroc ne se limite plus à l’Afrique, il s’ancre au Canada, aux États-Unis, en Europe et dans les pays du Golfe, incarné par une communauté de créateurs, d’influenceurs et d’entrepreneurs qui redessinent l’image du pays dans l’imaginaire collectif mondial.
Une Diaspora connectée, ambassadrice culturelle de l’ère numérique
La relation entre les jeunes marocains résidant à l’étranger et leur pays d’origine connaît une mutation profonde. Finie l’époque de l’éloignement culturel ou de la rupture identitaire : aujourd’hui, ces jeunes s’approprient pleinement leur double culture et l’expriment fièrement dans l’espace numérique. Ils ne se contentent pas de consommer la culture marocaine, ils la créent, la transforment et la diffusent.
Cette nouvelle vague de créateurs et d’influenceurs utilise les plateformes numériques comme scène d’expression. Sur Instagram, YouTube, TikTok, ou encore à travers des podcasts, ils racontent le Maroc autrement : plus libre, plus divers et plus inclusif. Des figures comme Hamza Zaidi, influenceur hispano-marocain devenu acteur, ou Sofiane (TheConfusedArab), connu pour son humour subtil sur les identités arabes, traduisent cette volonté de réconcilier tradition et modernité.
Les jumelles Sousou et Faty (2Doppelgangers) incarnent à leur manière cette dynamique avec un contenu qui mêle lifestyle, mode et clins d’œil à leur héritage marocain. D’autres initiatives comme la chaîne YouTube “Maroc Émoi”, les podcasts Inside l’Ghorba (produit par TelQuel) ou Marocains du Monde (Medi1Podcast) sont devenus des outils puissants de médiation culturelle.
Ces jeunes de la diaspora ne sont pas des spectateurs : ils sont les architectes d’une narration nouvelle, celle d’un Maroc pluriel, en mouvement et résolument tourné vers l’avenir.
Un soutien institutionnel structurant et visionnaire
Ce renouveau n’est pas spontané. Il est le fruit d’une stratégie institutionnelle de long terme, portée par des organismes comme la Fondation Hassan II pour les MRE (FH2MRE) et le Conseil de la Communauté Marocaine à l’Étranger (CCME). Ces structures jouent un rôle crucial en soutenant les initiatives numériques, en finançant des projets culturels et en organisant des séjours au Maroc pour reconnecter les jeunes générations avec leurs racines.
Leur vision est claire : accompagner la diaspora pour qu’elle ne reste pas seulement un public cible, mais devienne un acteur à part entière du rayonnement marocain. En collaborant avec des influenceurs et des créateurs de contenu, elles participent à la construction d’un lien affectif, identitaire et durable avec le pays d’origine.
Ces actions illustrent une intelligence stratégique rare : le soft power marocain ne se limite pas aux institutions, il s’étend aux visages et aux voix de ses enfants à l’étranger.
Le maroc brille sur le continent : sept leaders dans le Top 100 Africain
Au-delà de la sphère culturelle, le Maroc impose sa marque dans l’univers de l’innovation, de l’entrepreneuriat et de la technologie à l’échelle continentale. Le classement des 100 personnalités africaines francophones les plus influentes sur les réseaux sociaux, établi par 35°Ouest en partenariat avec Favikon, en témoigne. Parmi elles, sept Marocains se distinguent par leur impact et leur leadership.
Parmi ces leaders :
- Nezha Alaoui, classée deuxième, est une entrepreneure et innovatrice sociale qui incarne l’émancipation féminine et la durabilité.
- Ismail Bellali, directeur général du Centre Monétique Interbancaire (CMI), représente la modernisation du secteur financier.
- Mehdi Alaoui, Ismael Belkhayat, Mehdi Mourabit et Amine Zarouk incarnent quant à eux le dynamisme technologique du Maroc, tandis que Khadija Aammou incarne la transformation d’entreprise.
Ce palmarès prouve que l’influence marocaine ne repose pas uniquement sur la culture ou le tourisme, mais aussi sur la compétence, la vision stratégique et l’audace entrepreneuriale.
L’influence transatlantique : le Maroc séduit l’Amérique du Nord
Sur le continent nord-américain, la présence marocaine est tout aussi remarquable. Des influenceurs comme Marwan Belbaraka, Marouane Bidouli et Meriem Dargaoui construisent des communautés engagées autour de leur identité marocaine. Leurs contenus allient lifestyle, introspection identitaire et valorisation des origines, avec un impact croissant auprès de la jeunesse nord-américaine d’origine arabe ou africaine.
Des plateformes telles que Modash les identifient désormais comme des figures influentes, capables de dialoguer entre deux mondes.
Côté institutionnel, l’Office National Marocain du Tourisme capitalise sur cette présence en collaborant avec des figures influentes comme Happy Kelli (Kelli Erdmann) pour promouvoir la destination Maroc. Cette stratégie de marketing d’influence ciblée confirme que le Royaume mise désormais sur une diplomatie émotionnelle pour séduire les publics étrangers : celle de l’expérience, du vécu, du rêve partagé.
Le Maroc, une marque monde en construction
La trajectoire actuelle du Maroc montre une montée en puissance maîtrisée. Grâce à une diaspora créative, des institutions engagées et des talents reconnus dans l’innovation, le Royaume construit une marque pays moderne, attractive et crédible. Il ne s’agit plus seulement de faire rayonner le folklore ou les paysages exotiques, mais de proposer un récit contemporain : celui d’un pays jeune, ambitieux, agile et ouvert sur le monde.
Ce récit s’écrit à travers des images, des voix et des projets numériques. Il dépasse les frontières et redéfinit la place du Maroc dans le concert des nations influentes.
En s’appuyant sur le digital comme levier de diplomatie et d’identité, le Maroc ne se contente pas de suivre les tendances mondiales, il en crée.