Chaque été, l’Opération Marhaba symbolise le retour des marocains résidant à l’étranger vers leur pays d’origine. Ce moment fort de l’année devrait être synonyme d’accueil chaleureux, de retrouvailles et de fierté nationale. Pourtant, la réalité vécue par des milliers de familles au poste-frontière de Bab Melilla contraste brutalement avec ces intentions.
La Ligue Marocaine pour la Défense des Droits de l’Homme (LMDDH), section Zeghanghane près de Nador, tire la sonnette d’alarme. Dans un communiqué récent, elle dénonce des conditions de passage de plus en plus éprouvantes pour les MRE, appelant à une réaction rapide et concrète des autorités.
Des formalités douanières jugées excessives
Au cœur des critiques : la lenteur des formalités douanières. Files interminables, contrôles répétitifs, complexité administrative… Les voyageurs évoquent des heures d’attente dans des voitures surchauffées, avec des enfants, des personnes âgées ou malades, sans toilettes ni abris et dans un stress constant.
Ce n’est pas une situation ponctuelle, mais une réalité récurrente. Chaque année, les mêmes scènes reviennent, amplifiées par l’augmentation du nombre de véhicules et la saturation du poste-frontière. Cette expérience difficile ternit l’image du pays et crée un profond sentiment d’injustice chez ceux qui espéraient un accueil digne.
Un impact élargi au territoire et à ses habitants
La congestion à Bab Melilla ne concerne pas uniquement les MRE. Elle affecte directement la vie des habitants de la région, avec des répercussions sur la circulation, l’économie locale, la sécurité et le bon fonctionnement des services de base.
La LMDDH souligne que cette situation aggrave les tensions sociales et renforce le sentiment d’abandon chez les citoyens frontaliers, contraints de subir chaque été une paralysie quasi totale de leur environnement.
Un dispositif en décalage avec les ambitions nationales
L’Opération Marhaba se veut une grande démonstration de solidarité, d’organisation et de reconnaissance envers la diaspora marocaine. Pourtant, la désorganisation constatée au niveau du poste-frontière reflète un manque criant de préparation, de coordination inter-institutionnelle et d’anticipation.
Les retards, la rigidité des procédures, le manque d’effectifs et l’absence de solutions digitales modernes illustrent un décalage préoccupant entre les ambitions affichées et la gestion réelle sur le terrain.
Des recommandations urgentes de la LMDDH
Pour remédier à cette situation, la LMDDH propose plusieurs mesures concrètes et immédiates :
- Renforcement temporaire des effectifs douaniers, sécuritaires et administratifs durant la période estivale.
- Simplification et digitalisation des formalités, avec un recours massif aux technologies de contrôle rapide.
- Aménagement de zones de repos équipées (ombrages, sanitaires, points d’eau) pour améliorer le confort des voyageurs.
- Coordination logistique renforcée entre les autorités marocaines et espagnoles afin d’anticiper les flux et éviter les engorgements.
Une question de dignité nationale
Au-delà de la logistique, il s’agit d’une question de dignité. Les MRE représentent un pilier essentiel pour l’économie du pays à travers les transferts financiers, les investissements familiaux et leur rôle de pont entre le Maroc et le monde. Les accueillir dans des conditions déplorables envoie un message négatif, contraire aux valeurs que le pays souhaite incarner.
La LMDDH rappelle que le respect des droits des citoyens, même temporairement de passage, est une obligation morale, juridique et politique.
Faire de l’Opération Marhaba une véritable vitrine du Maroc
L’Opération Marhaba ne peut plus rester une simple promesse symbolique. Elle doit incarner une véritable exemplarité en matière de gouvernance, de modernité et de respect des citoyens. Il est temps de repenser en profondeur la gestion des frontières, notamment à Bab Melilla, en plaçant l’humain, l’innovation et l’accueil au cœur des priorités.
Le succès de l’édition 2025 reposera sur la capacité des autorités à répondre rapidement et concrètement aux défis actuels. C’est à cette condition que les marocains du monde retrouveront la fierté de rentrer chez eux, accueillis dans la dignité que leur statut mérite.