Les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) poursuivent leur progression. À fin octobre 2024, ils ont atteint 100,29 milliards de dirhams (MMDH), contre 96,51 MMDH durant la même période un an auparavant. Durant l’année 2023, ces fonds ont frôlé la somme de 120 milliards de dirhams (12 milliards de dollars), soit 8% du Produit intérieur brut (PIB) marocain. Une contribution essentielle qui pourrait pourtant être mieux exploitée puisque seulement 10% de ce montant a été alloué à des projets productifs.
Des envois en croissance constante
En dix ans, les transferts de fonds des Marocains du monde ont littéralement explosé. Selon l’Office des changes, ces envois sont passés de 57,4 milliards de dirhams en 2014 à 115,26 milliards en 2023, soit plus du double.
Cette croissance reflète l’importance grandissante de la diaspora marocaine, qui a triplé depuis les années 2000 pour atteindre 5,1 millions de membres inscrits auprès des services consulaires en 2024. Cette communauté, majoritairement jeune — entre 15 et 40 ans —, contribue de manière significative à l’économie nationale.
Les transferts financiers sont facilités par des plateformes de plus en plus accessibles et performantes, telles que Western Union et MoneyGram, permettant à ces Marocains de soutenir leurs proches tout en participant au développement du pays. Un geste qui illustre non seulement leur attachement à leur terre d’origine, mais aussi leur rôle crucial dans l’économie marocaine.
Les pays émetteurs des transferts
La majorité des transferts provient de l’Europe, la France, l’Espagne et l’Italie en tête. Depuis l’Hexagone, la part des transferts des MRE a diminué de 36,42 % à 30,8 %, tandis que l’Espagne a augmenté sa contribution de 8,85 % à 12,6 %, occupant ainsi la 10ème place. L’Italie est reléguée à la quatrième position, avec une part de 9,2%. L’Arabie saoudite a également progressé, se classant à la 3ème place avec 10,7%. Les États-Unis complètent le Top 5 avec une part de 6,36%.
En moyenne, plus de 80% des MRE envoient annuellement près de 5000 dollars. En décembre 2022, le Haut-commissariat au plan (HCP) a publié une étude dans laquelle l’institution explique les facteurs de cette hausse des transferts. Parmi lesquels se positionne le nombre croissant de MRE (estimé à plus 6,5 millions de personnes actuellement). Aussi, le HCP souligne que de plus en plus des Marocains résidant à l’étranger se sont établis dans des régions à hauts revenus comme l’Amérique du Nord ou le Golfe, ce qui a contribué à relever leur niveau de qualification et de revenus. Aussi, explique-t-on, le montant moyen des transferts est proportionnel du niveau d’instruction des MRE.
Au-delà de l’impact économique
Outre leur rôle économique, les MRE jouent un rôle social et culturel clé en soutenant leurs familles et en promouvant l’identité marocaine à l’international. Leur engagement se manifeste également dans des causes nationales comme la défense de la marocanité du Sahara. Par ailleurs, leur retour massif au Maroc pour les vacances, notamment entre juin et septembre 2024 avec 3,76 millions de visiteurs, stimule le tourisme local.
Pour maximiser l’impact de ces transferts, il est crucial d’encourager des investissements productifs et de renforcer les initiatives entrepreneuriales des MRE. Cela pourrait non seulement diversifier l’économie marocaine mais aussi générer des opportunités d’emploi et favoriser un développement durable.