Alors que l’été bat son plein, l’opération Marhaba 2025 prend une tournure inédite. Au-delà des traditionnelles retrouvailles familiales et des vacances tant attendues, une initiative ambitieuse transforme la visite des Marocains résidant à l’étranger en une véritable opportunité économique. Du 11 au 15 août, les Centres régionaux d’investissement (CRI) des douze régions du Royaume ont ouvert leurs portes pour sensibiliser et accompagner la diaspora, avec un objectif clair : faire des Marocains du Monde les acteurs d’une nouvelle dynamique de prospérité pour leur pays d’origine.
De simples transferts à une contribution stratégique
Pendant longtemps, le rôle de la diaspora s’est limité au transfert de devises, avec plus de 114 milliards de dirhams envoyés en 2023. Ces flux restent essentiels pour l’économie nationale, mais le ministère de l’Investissement ambitionne désormais d’aller bien au-delà. L’objectif n’est plus seulement financier : il s’agit de mobiliser l’expertise, les compétences et le savoir-faire acquis à l’étranger. Ces millions de Marocains établis hors du Royaume représentent un vivier de talents, de réseaux et de projets capables de stimuler l’économie marocaine de l’intérieur.
Cette initiative s’inscrit pleinement dans le cadre de la nouvelle Charte de l’investissement, entrée en vigueur début 2023. Avec l’ambition de porter l’investissement privé à deux tiers de l’investissement total d’ici 2035, le Maroc mise sur toutes ses forces vives. La diaspora, forte de plus de 5 millions de personnes, constitue une ressource encore largement sous-exploitée, pouvant transformer son attachement symbolique au pays en investissements concrets et durables.
Les CRI : portes d’entrée vers les territoires
Pour donner vie à cette vision, les Centres régionaux d’investissement jouent un rôle pivot. En marge de l’opération Marhaba 2025, ils ont proposé une approche personnalisée : rencontres individuelles, sessions interactives et accès direct à une « banque de projets territorialisés ». Cette méthode dépasse la vision centralisée de l’investissement en offrant une cartographie précise des opportunités par province et par secteur.
L’objectif est double : corriger les déséquilibres territoriaux et faire des régions les moteurs d’une croissance durable. Cette démarche répond aux Hautes Instructions Royales qui ont appelé à mettre fin au « Maroc à deux vitesses », tout en impliquant la diaspora dans les chaînes de production locales, que ce soit dans l’industrie, l’agriculture, le tourisme ou le digital. Une stratégie qui renforce la résilience économique du pays face à un contexte international incertain.
La diaspora comme levier de rayonnement international
Au-delà de l’impact économique direct, la mobilisation de la diaspora représente un puissant levier de « soft power ». Ces Marocains, souvent leaders dans leurs réseaux professionnels, deviennent de véritables ambassadeurs pour l’économie nationale. Leur implication stratégique peut renforcer la compétitivité du Maroc sur la scène internationale, notamment en Afrique de l’Ouest et en Europe.
L’opération estivale de cette année pourrait marquer le début d’une politique permanente de mobilisation et d’accompagnement de la diaspora. À l’instar de pays comme l’Inde, la Chine ou le Vietnam, le Maroc semble prêt à faire de sa diaspora un pilier central de son développement à long terme. La fenêtre estivale est ouverte : il revient au Royaume de la transformer en un moteur pérenne, solidement ancré dans sa stratégie macroéconomique.