Icône de l’art contemporain marocain, Mohamed El Baz s’est éteint dans la nuit du samedi au dimanche 26 mai à Marrakech à l’âge de 57 ans, laissant derrière lui une œuvre riche questionnant une certaine complexité sociale et politique avec force et originalité.
Artiste plasticien et vidéaste, Mohamed El Baz est né à Ksiba, au cœur du Moyen-Atlas, en 1967, avant d’émigrer avec sa famille en France à l’âge de 6 ans. Diplômé en arts plastiques de l’Ecole Régionale d’Art de Dunkerque en 1989, il rejoint l’Ecole Nationale Supérieure de Paris pour y obtenir en 1992 le diplôme supérieur d’expression plastique. Il suit également les cours de l’institut des Hautes Etudes en Arts Plastiques à Paris.
C’est en 2007 que Mohamed El Baz présente sa première exposition personnelle dans son pays d’origine, à Casablanca. Depuis, l’artiste protéiforme vogue entre Lille et la capitale économique du Royaume autour de travaux orientés, tour à tour, vers le quotidien, l’autobiographique et le ludique. Installations, arts graphiques, sculpture, photographie… sont instrumentalisés avec lucidité pour interroger les frontières, le statut social, le concept de la diaspora, la différence, la fonction de l’art, l’intime… autant de notions qui ne représentent que des détails de son projet de toujours « Bricoler l’incurable ». Amorcée par le plasticien en 1993, cette idée aura vu son énième chapitre interprété à Casablanca sous le nom prémonitoire « Ad Astra », dernière exposition de Mohamed El Baz à laquelle nous consacrions un article dans la rubrique Langue, Culture & Traditions.
https://canal212.ma/ad-astra-le-cosmos-dun-cosmopolite/
Le départ prématuré de ce personnage pétulant, érudit, porte-étendard de l’art conceptuel marocain et défenseur invétéré de l’esthétique de la dérision, laisse un vide abyssal dans le monde de l’art. Puisse son précieux héritage tenter de combler l’absence.