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jeudi 8 mai 2025
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Esclavage moderne en Corrèze : un marocain exploité pendant cinq ans par un septuagénaire

Un nouveau scandale d’exploitation humaine secoue la Corrèze. À Tulle, un homme de 74 ans a comparu mardi 6 mai devant le tribunal judiciaire, poursuivi pour avoir loué des logements insalubres à des personnes vulnérables et pour avoir réduit un ressortissant marocain à une situation d’esclavage moderne pendant plusieurs années.

Le prévenu, un brocanteur et bailleur privé est actif depuis de nombreuses années dans la région. Il possédait une vingtaine de logements répartis entre Tulle et Favars, dont dix-sept ont été identifiés comme indignes, insalubres et parfois même dangereux pour la santé de leurs occupants. Parmi les vingt-trois victimes recensées figurent des personnes en situation de grande précarité : mères célibataires, personnes handicapées, retraités, bénéficiaires de minima sociaux… Un public fragile, souvent sans recours, que le mis en cause aurait sciemment ciblé.

Mais le cas le plus alarmant demeure celui d’un homme marocain de 55 ans, père de famille, contraint de vivre et travailler dans des conditions inhumaines pendant plus de cinq ans. Recruté sans contrat, il est devenu, selon ses propres mots, « l’homme à tout faire » du septuagénaire. Il était chargé d’entretenir les douze hectares de la propriété de son bourreau à Favars, de couper du bois, rénover des bâtiments, effectuer des travaux de maçonnerie, de peinture, de jardinage, ou encore de transporter du matériel… Le tout, sans salaire digne, sans protection et dans des conditions d’extrême précarité.

Logé dans un hébergement insalubre appartenant également au prévenu, l’homme a vécu dans la peur, la fatigue constante et l’isolement, incapable de sortir de cette spirale d’exploitation. « C’était du travail non-stop, sept jours sur sept, avec des repas souvent insuffisants », a-t-il confié aux enquêteurs.

L’affaire a été mise au jour grâce à la vigilance d’une assistante sociale et à une enquête menée conjointement par les autorités locales, les services sociaux et des associations de soutien aux victimes. La justice s’est saisie du dossier avec fermeté, tant la gravité des faits interpelle. Le procureur a souligné qu’il s’agissait « d’un cas typique d’esclavage moderne, tel que défini par le Code pénal », réclamant une peine exemplaire.

Le procès s’inscrit dans un contexte plus large de lutte contre les formes contemporaines d’exploitation humaine en France, où, selon plusieurs ONG, des centaines de cas similaires seraient encore méconnus, touchant particulièrement les personnes migrantes ou en situation de vulnérabilité extrême.

Le verdict est attendu dans les prochaines semaines. En attendant, le Marocain de 55 ans est désormais suivi par des structures d’aide, tente de se reconstruire et espère obtenir justice.

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