Au risque d’étonner et même de détonner dans le paysage sociétal mondial, c’est que, s’il est une valeur à laquelle la jeunesse marocaine reste profondément attachée, c’est le mariage. Il est, à cet égard, important de rappeler que dans un contexte de profonde mutation, voyant le Maroc sortir définitivement de la société traditionnelle, au sens de ses structures les plus profondes, les traditions, elles, demeurent.
Ainsi en est-il du mariage. On le sait, les marocains aiment leur religion, l’Islam. De même qu’ils aiment l’idée de vivre dans la pureté du mariage. Il suffit pour cela d’interroger des jeunes gens, jeunes hommes, jeunes filles, pour les entendre ou les voir acquiescer, très vite à l’idée d’un foyer, d’une famille. Le Halal est préféré au Haram, le licite à l’illicite. C’est une certitude. Mais voilà, si les aspirations à vivre « proprement » (pour reprendre l’expression qui revient sur toutes les lèvres d’une jeunesse marocaine prise dans une convergence de changements, particulièrement technologiques), le mariage, comme finalité éthique, demeure impossible pour une majorité de nos jeunes pour des raisons économiques.
En effet, car les acquiescements de nos jeunes se conjuguent très vite à leur plus total découragement. Se marier, disent-ils ? Avec quels moyens ? Pour habiter où ? Interrogé à ce sujet, un jeune homme, de 34 ans répond sans hésiter : Me marier, pourquoi ? Pour faire endurer à ma future épouse le calvaire d’une vie sans confort ? Ce serait criminel ! Voici donc l’un des nœuds qu’il faudra qu’une politique courageuse, réaliste, vienne défaire. Comment, au fond, exiger de notre jeunesse qu’elle reste pure, une jeunesse sur laquelle pèse, par ailleurs, la rigueur de la loi, et ne pas, dans le même temps, penser pour elle la possibilité d’une situation en accord avec une vie Halal à laquelle elle dit avoir droit ?
Contradiction ? Ou forme avouée d’échec ? Une chose est sûre, dans la société traditionnelle, lorsque le désir venait à faire valoir ses droits, on mariait le jeune homme et la jeune fille qui étaient pris en charge par la communauté, la famille. Désormais, dans une société dite sécularisée, qui prendra en charge le désir de notre jeunesse ?