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mardi 3 juin 2025
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La corniche d’Aïn Sebaâ : un projet à 70 millions qui vire au scandale

À Casablanca, l’indignation est à son comble. Ce qui devait être un projet emblématique de revalorisation urbaine s’est transformé en véritable fiasco. La nouvelle corniche d’Aïn Sebaâ, censée offrir un nouveau visage à l’est de la ville, suscite colère et incompréhension. Pour un budget de 70 millions de dirhams entièrement financé par la commune, les élus refusent aujourd’hui d’en valider la réception. En cause : une réalisation jugée médiocre, voire indigne des ambitions affichées.

Le maître d’ouvrage, Casa Aménagement et l’entreprise en charge des travaux, Benlhou Frères, se retrouvent dans l’œil du cyclone. Lancé en 2023 avec de grandes promesses ; créer un espace balnéaire moderne, accessible et convivial. Le projet devait offrir à Aïn Sebaâ un aménagement à la hauteur de ceux d’Aïn Diab ou de Dar Bouazza. Au final, le chantier livre une corniche terne, sans âme et loin des standards attendus.

Les visites récentes de la commission communale ont fait l’effet d’un électrochoc. « Aménagements minimalistes », « mobilier urbain bas de gamme », « absence de vision architecturale », dénoncent les élus. Pour beaucoup, il ne s’agit plus seulement d’un projet mal exécuté, mais du symptôme d’une gestion urbaine à deux vitesses. Quand l’ouest de Casablanca bénéficie d’investissements soignés, les quartiers populaires de l’est héritent d’infrastructures au rabais.

Dans les quartiers de Aïn Sebaâ, Hay Mohammadi ou encore Sidi Moumen, la colère monte. Cette corniche mal conçue est vécue comme un affront, renforçant le sentiment d’abandon et d’injustice spatiale. Les habitants, qui attendaient un espace de vie digne, n’y voient qu’un aménagement bâclé, sans âme, ni ambition.

La situation est si tendue que le wali de la région Casablanca-Settat a dû convoquer une réunion de crise. À cette occasion, il a exigé des comptes aux porteurs du projet et ordonné la révision immédiate des nombreuses malfaçons constatées. Tant que les défauts ne seront pas corrigés, aucune livraison ne sera validée, a-t-il fermement tranché.

Ce qui devait être un projet de fierté urbaine s’est mué en symbole d’un échec de gouvernance. La corniche d’Aïn Sebaâ, loin d’être une vitrine de modernité, illustre aujourd’hui les dérives d’une planification inégalitaire. Les casablancais, eux, attendent désormais des réparations concrètes et des mesures claires pour éviter que l’est de la ville ne soit, une fois de plus, laissé pour compte.

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