À l’approche de l’été, une ombre plane sur l’Opération Marhaba 2025 : la flambée annoncée des prix des traversées maritimes entre l’Espagne et le Maroc inquiète la diaspora. Pour des milliers de Marocains résidant à l’étranger, ce rendez-vous annuel est bien plus qu’un simple voyage ; c’est un retour aux racines, un moment de retrouvailles avec la terre natale. Mais cette année encore, les tarifs des ferries menacent de transformer cette tradition familiale en luxe inaccessible.
Les lignes stratégiques Tarifa–Tanger Med et Tarifa–Tanger Ville, véritables ponts maritimes entre l’Europe et le Maghreb, sont au cœur de la polémique. Les souvenirs des hausses vertigineuses de 2023 sont encore frais. Aujourd’hui, les MRE craignent une nouvelle envolée des prix, nourrie par un cocktail explosif : demande saisonnière, manque de concurrence et spéculation tarifaire.
Car le problème n’est pas seulement conjoncturel. Il est aussi structurel. Le Maroc, à ce jour, ne dispose d’aucune compagnie maritime nationale opérant sur ces lignes. Résultat : les compagnies étrangères, seules maîtresses à bord, fixent leurs tarifs sans réel contrepoids. Et dans un marché aussi tendu, où les départs se concentrent entre juin et septembre, l’offre impose sa loi.
À cela s’ajoutent les frais lourds du secteur maritime : entretien des navires, carburant, taxes portuaires, assurances… Des coûts bien réels, certes. Mais qui servent aussi, parfois, d’alibi à une politique tarifaire jugée opaque. La fameuse “tarification dynamique“ où le prix grimpe en fonction de la date et du taux de remplissage est perçue par de nombreux voyageurs comme une forme déguisée de spéculation sur le besoin vital de rentrer au pays.
Pour les MRE, ce sentiment d’injustice est d’autant plus vif qu’au-delà du coût, c’est le symbole qui dérange. Chaque été, des millions d’euros transitent par les ports marocains. Mais sans pavillon national, le Royaume ne capte qu’une infime part de cette manne, se contentant des redevances portuaires et des retombées indirectes. Un manque à gagner que certains n’hésitent plus à qualifier de “déconnexion économique“.
Face à cette situation, la diaspora élève la voix. Parmi les solutions évoquées : favoriser une concurrence plus saine sur les lignes maritimes, imposer plus de transparence sur les grilles tarifaires, et surtout étudier sérieusement la création d’une compagnie maritime nationale. D’autres appellent à une médiation politique entre Rabat et Madrid, pour encadrer les hausses en période de pic.
Car au fond, le message est clair : revenir au pays ne devrait jamais être un luxe. Pour ces marocains du monde, qui participent activement au développement économique et au rayonnement culturel du Royaume, voyager ne devrait pas rimer avec sacrifice. À l’heure où l’on célèbre les liens du cœur, il est temps de garantir un accès juste, transparent et abordable à ce trait d’union essentiel entre la diaspora et sa terre d’origine.