Un vent d’espoir souffle sur la communauté marocaine d’Espagne. Le 20 mai 2025 marque une date charnière avec l’entrée en vigueur d’une réforme migratoire sans précédent, qui pourrait bouleverser positivement la vie de près d’un million de migrants en situation irrégulière. Portée par le gouvernement espagnol, cette réforme ouvre la voie à l’obtention d’un permis exceptionnel de séjour et de travail, sous certaines conditions, pour les étrangers présents sur le territoire espagnol avant le 31 décembre 2024.
Parmi les bénéficiaires potentiels, les ressortissants marocains figurent en tête. En tant que première communauté étrangère en Espagne, ils pourraient être des dizaines, voire des centaines de milliers, à régulariser leur situation dans les prochaines années. Une mesure qui tombe à point nommé, alors que de nombreux marocains vivent depuis des années dans la précarité, enchaînant les emplois informels sans protection sociale ni perspective d’avenir.
Cette loi prévoit l’attribution d’un “permis exceptionnel unifié“, octroyant aux migrants le droit de résider et de travailler légalement sur tout le territoire espagnol. Le calendrier d’application est ambitieux : environ 300 000 dossiers seront traités chaque année, pour un total estimé à 900 000 régularisations d’ici 2028.
La réforme apporte également des ajustements notables au processus administratif. Le délai de présence exigé passe de trois à deux ans, et chaque demande devra être accompagnée d’un contrat de travail en bonne et due forme. Ce critère vise à dissuader les fraudes et à renforcer la lutte contre l’exploitation, notamment dans les secteurs agricoles, du bâtiment ou du travail domestique, où les abus sont fréquents.
Néanmoins, cette régularisation n’a rien d’automatique. Les autorités insistent sur la rigueur du processus : les candidats devront démontrer leur intégration sociale et professionnelle tout enprésentant des justificatifs solides. Un décret royal détaillant les modalités d’application est en cours d’élaboration et devrait être publié dans les prochaines semaines.
Du côté des associations de migrants marocains en Espagne, la réforme est saluée comme une opportunité historique. Elles y voient une avancée majeure pour la dignité humaine, l’égalité des droits et l’inclusion, après des années de lutte pour la reconnaissance. En parallèle, elles appellent à une large mobilisation pour accompagner les démarches administratives et sensibiliser les migrants aux pièges liés aux contrats fictifs ou aux intermédiaires frauduleux.
Cette réforme pourrait également redessiner la relation bilatérale entre Rabat et Madrid, en renforçant les ponts humains et économiques entre les deux rives de la Méditerranée. Au-delà de la régularisation, elle s’inscrit dans une logique de co-développement et de responsabilité partagée, au bénéfice des deux peuples.