Lors d’un point de presse tenu le 17 décembre 2024, Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib (BAM), a abordé une question cruciale pour les Marocains résidant à l’étranger (MRE) : la nouvelle directive de l’Union européenne qui pourrait restreindre les services bancaires offerts par les banques étrangères (particulièrement les banques marocaines) non établies dans l’UE. Cette initiative, qui vise à freiner le flux des transferts de fonds vers leur pays d’origine des Marocains résidant en Europe, pourrait avoir des conséquences significatives sur les montants transférés.
Une hausse des coûts des transferts
Actuellement, les transferts de fonds des MRE représentent plus de 100 milliards de dirhams par an, soit près de 8 % du produit intérieur brut (PIB) du pays. Une hausse des coûts des transferts serait donc préjudiciable pour des millions de familles marocaines qui dépendent de ces envois pour leur subsistance mais aussi pour l’économie marocaine. M. Jouahri a souligné que des négociations sont en cours avec plusieurs banques centrales européennes, notamment celles de la France et de l’Espagne, afin que les intérêts des MRE ne soient pas affectés par cette directive.
La France est particulièrement stratégique dans ce contexte, car elle représente le premier pourvoyeur de transferts avec une part de 30,8 % en 2023, selon l’Office des changes. Le Wali de la banque centrale a indiqué que le Maroc adopte une approche ciblée en commençant par la France pour ensuite élargir les discussions aux autres pays européens tels que l’Espagne, les Pays-Bas, la Belgique et l’Italie. Cette stratégie vise à capitaliser sur les bonnes relations historiques entre le Maroc et ces nations tout en protégeant les intérêts financiers des MRE.
Défendre les droits des MRE
Les banques marocaines jouent un rôle clé dans ce processus. Présentes dans 27 pays de l’UE avec des filiales et succursales dans sept d’entre eux, elles sont bien positionnées pour faciliter les transferts d’argent et atténuer l’impact potentiel de la directive européenne. M. Jouahri a exprimé sa confiance dans la capacité du Maroc à naviguer dans ces discussions complexes et à défendre les droits des MRE.
Le Wali a également évoqué l’importance d’une communication transparente avec les citoyens marocains vivant à l’étranger. Il a encouragé ces derniers à rester informés des développements concernant cette directive et à participer activement aux discussions sur les moyens d’améliorer le système bancaire pour mieux répondre à leurs besoins.
Le gouvernement et les institutions financières collaborent étroitement pour protéger les intérêts économiques des MRE. La capacité du Royaume à maintenir un dialogue constructif avec ses partenaires européens sera déterminante pour garantir que ces citoyens, résidant à l’étranger, puissent continuer à soutenir leurs familles et l’économie de leur pays d’origine, sans subir de lourdes charges financières.