Dans un climat empreint de respect et de fraternité, le Consulat général du Royaume du Maroc à Bruxelles a récemment organisé une soirée culturelle riche en émotions, réunissant près de 150 participants autour d’un thème crucial : la mémoire partagée entre le Maroc et la Belgique. Cet événement, alliant art, histoire et transmission intergénérationnelle, a mis en lumière les liens profonds et durables qui unissent ces deux nations, à travers un dialogue sensible entre passé et présent.
Un hommage solennel aux soldats marocains : mémoire et gratitude
La soirée a été inaugurée par un discours fort du Consul général Hassan Touri, qui a souligné l’importance de cette commémoration collective : « Cette rencontre dépasse le simple devoir de mémoire. Elle est une célébration des destins croisés qui ont façonné notre présent commun. » Dans un hommage poignant, il a rappelé le sacrifice de ces soldats marocains venus libérer la Belgique durant la Seconde Guerre mondiale, animés par un sens profond de l’honneur et de l’humanité, malgré la méconnaissance de cette terre lointaine.
Cette introduction a donné le ton d’une soirée dédiée à la reconnaissance, à la gratitude, mais aussi à la réflexion sur l’importance de transmettre cet héritage aux générations futures.
“Évasion” : une immersion cinématographique dans l’histoire des tirailleurs
L’émotion a atteint son apogée lors de la projection du court-métrage « Évasion », réalisé par le cinéaste maroco-belge Saïd Hassabi. Ce film, véritable ode à la résistance et à la solidarité, retrace l’histoire vraie de deux soldats – un Marocain et un Africain – qui ont courageusement fui la barbarie nazie. À travers leur parcours jonché d’obstacles, ce récit captivant révèle une fraternité inattendue au cœur de l’horreur, redonnant vie aux sacrifices individuels souvent méconnus.
Cette œuvre audiovisuelle a offert une expérience immersive au public, permettant une compréhension émotionnelle et humaine de l’engagement de ces combattants, et renforçant ainsi la mémoire collective.
Les récits vivants d’Arabi Khattota : donner chair à l’histoire
Après cette plongée cinématographique, l’écrivain et chercheur Arabi Khattota, auteur du livre Tirailleurs marocains, a partagé ses travaux et témoignages bouleversants. Il a notamment évoqué le destin des combattants tombés lors de la bataille de Gembloux en mai 1940, mettant en lumière des figures anonymes telles que Mohamed, un jeune soldat de 19 ans, qui écrivait à sa mère qu’il protégeait des enfants comme s’ils étaient les siens.
Khattota a insisté sur l’engagement désintéressé de ces hommes : « Ils ne savaient souvent pas situer la Belgique sur une carte, mais ils connaissaient la valeur de l’honneur. » Son récit a permis de matérialiser le passé en le rendant tangible, en humanisant l’histoire et en invitant à un souvenir actif et vivant.
Un pont entre passé et présent : théâtre et dialogue interculturel
La soirée s’est conclue par une table ronde animée par le metteur en scène Reda Chebboubi, qui a présenté sa pièce de théâtre 17 février 1964. Cette date emblématique marque l’arrivée officielle des premiers migrants marocains en Belgique, posant les jalons d’une nouvelle page historique et sociale.
La pièce explore les thématiques de l’identité, de l’intégration et du legs culturel, soulignant comment cette histoire commune continue d’influencer et de façonner les réalités contemporaines des descendants. Le débat a réuni un public diversifié – descendants de tirailleurs, historiens belges, membres associatifs – témoignant de l’importance et de la vitalité de cette mémoire collective.
Fatima Zahra, une jeune étudiante belgo-marocaine présente, a résumé ce sentiment partagé : « Ce soir, j’ai compris que ma double culture n’est pas une ligne de partage, mais un pont entre deux histoires intimement liées. » Une conviction qui illustre à merveille la richesse d’une mémoire partagée, véritable moteur d’un avenir commun fondé sur la compréhension mutuelle.
Perspectives et initiatives pour renforcer la mémoire commune
Cette soirée d’exception soulève une interrogation essentielle : comment continuer à nourrir et renforcer la mémoire partagée entre le Maroc et la Belgique ? Plusieurs pistes se dessinent pour prolonger cette dynamique de reconnaissance :
- Développer des programmes éducatifs bilatéraux intégrant l’histoire des tirailleurs marocains et des migrations marocaines,
- Créer des espaces culturels et musées dédiés à cet héritage commun,
- Encourager des collaborations artistiques et théâtrales explorant ces récits humains et historiques,
- Renforcer les partenariats entre associations marocaines et belges pour favoriser la transmission intergénérationnelle.
Ces initiatives pourraient non seulement préserver un patrimoine historique précieux, mais aussi favoriser un dialogue interculturel riche et durable.
La mémoire partagée, fondement d’un avenir commun
L’événement organisé par le Consulat général du Maroc à Bruxelles rappelle que la mémoire partagée entre le Maroc et la Belgique n’est pas qu’un passé figé, mais un véritable levier pour construire un avenir solidaire et inclusif. Reconnaître et transmettre cette histoire, c’est honorer ceux qui ont donné leur vie pour la liberté et bâtir des ponts humains entre les cultures.
Face aux défis contemporains de la migration et de l’intégration, cette mémoire commune offre une base solide pour renforcer les liens sociaux et politiques entre les deux peuples. En mobilisant les institutions, les associations et les citoyens autour de cette histoire commune, on peut espérer garantir une reconnaissance durable et une inclusion pleine et entière pour les générations actuelles et futures.
C’est ainsi que le Maroc et la Belgique pourront continuer à célébrer, non seulement un héritage commun, mais aussi une fraternité renouvelée, riche de sens et d’espérance.