Le Maroc s’impose progressivement comme un maillon central dans la chaîne de valeur mondiale de l’industrie chinoise, en particulier dans les secteurs de l’automobile, des énergies vertes et des batteries électriques. Ce virage stratégique reflète une transformation majeure du paysage industriel marocain, à l’heure où Pékin réoriente ses investissements vers l’Afrique pour sécuriser ses approvisionnements et accéder plus facilement aux marchés européens.
Selon des données relayées par le New York Times, les investissements chinois au Maroc dans les domaines des véhicules électriques, de l’énergie et des batteries auraient dépassé les 10 milliards de dollars ces dernières années. Une véritable ruée industrielle, portée par des géants chinois comme Gotion High-Tech; l’un des leaders mondiaux des batteries lithium-ion qui a implanté une unité de production sur le sol marocain ou encore CNGR Advanced Material Co., spécialisée dans les composants de batteries.
Cette dernière a conclu en 2023 un partenariat stratégique avec le fonds d’investissement panafricain Al Mada, piloté depuis Casablanca, pour la création d’un vaste complexe industriel à Jorf Lasfar, sur la côte atlantique. Avec un investissement de plus de 2 milliards de dollars, ce site phare devrait entamer sa production dès 2025, contribuant à faire du Maroc une plateforme d’exportation vers l’Europe, notamment grâce à sa proximité géographique et ses accords de libre-échange.
Pourquoi le Maroc attire-t-il autant d’investisseurs chinois ? Plusieurs facteurs expliquent cet engouement : une stabilité politique, une main-d’œuvre qualifiée, des infrastructures logistiques modernes (ports, autoroutes, zones industrielles), une stratégie volontariste du Royaume en matière d’industrialisation verte, ainsi qu’un cadre juridique favorable aux investissements étrangers.
De plus, le Maroc dispose déjà d’un écosystème automobile très développé, avec la présence d’acteurs mondiaux tels que Renault, Stellantis et une chaîne de sous-traitance performante. Les entreprises chinoises y voient une opportunité d’intégrer des clusters compétitifs tout en profitant des incitations fiscales et des zones franches.
Au-delà des aspects purement économiques, cette montée en puissance du Maroc comme base arrière de l’industrie chinoise pourrait redessiner les équilibres géostratégiques en Afrique du Nord. Elle confirme également l’ambition du Royaume de devenir un hub industriel régional et un acteur incontournable de la transition énergétique mondiale.