Obtenir son permis de conduire au Maroc relève désormais du parcours du combattant. Depuis la réforme de la banque de questions opérée par l’Agence nationale de la sécurité routière (NARSA), les candidats à l’épreuve théorique se heurtent à une difficulté sans précédent. Dans certains centres d’examen, le taux d’échec avoisine les 95 % et atteint même les 100 % dans plusieurs régions du Royaume, alerte le quotidien Al Akhbar.
Une situation qualifiée de “catastrophique“ par les professionnels du secteur. Selon Abderrahim El Massoudi, président de l’association des moniteurs et professionnels du secteur des auto-écoles à Salé, cette réforme, censée améliorer la qualité des conducteurs et garantir une meilleure sécurité routière, s’est transformée en véritable casse-tête pour les candidats.
« Le nouveau système de questions, loin de clarifier et de fluidifier le processus, a généré une confusion généralisée. Beaucoup de questions sont mal formulées ou peu adaptées au niveau moyen des candidats, ce qui crée un sentiment d’injustice et de frustration », déplore-t-il.
L’objectif initial de cette réforme était pourtant louable : renforcer les compétences des futurs conducteurs, mettre un terme aux pratiques douteuses et garantir une meilleure maîtrise du code de la route. Mais sur le terrain, l’effet semble contre-productif. Des milliers de candidats échouent, parfois à plusieurs reprises, sans comprendre ce qui leur est réellement reproché.
Face à cette situation, les auto-écoles tirent la sonnette d’alarme. Elles dénoncent une réforme précipitée, mal accompagnée et surtout, déconnectée des réalités pédagogiques. Beaucoup demandent un retour au dialogue avec la NARSA pour ajuster la banque de questions, mieux former les moniteurs et proposer des outils d’apprentissage clairs, accessibles et conformes aux objectifs de sécurité.
Alors que les routes marocaines continuent d’enregistrer un taux élevé d’accidents, la question se pose : faut-il complexifier l’accès au permis pour garantir de meilleurs conducteurs, ou repenser la formation de fond en comble pour allier rigueur et pédagogie ?