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mercredi 14 mai 2025
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Automobile : le Maroc confirme son avance industrielle face à l’Algérie

Le contraste est de plus en plus saisissant entre deux pays voisins du Maghreb. D’un côté, le Maroc s’impose comme une véritable puissance industrielle dans le secteur automobile, attirant les plus grands constructeurs mondiaux et multipliant les succès à l’export. De l’autre, l’Algérie peine toujours à faire émerger une industrie automobile digne de ce nom, malgré de multiples annonces et tentatives au cours de la dernière décennie.

Depuis plus d’une décennie, le Maroc mise sur une stratégie claire, structurée et incitative pour attirer les investissements étrangers dans l’automobile. Et les résultats parlent d’eux-mêmes. Le Royaume est devenu, en quelques années, le premier exportateur de voitures du continent africain. Parmi les acteurs majeurs de cette réussite, le groupe Renault joue un rôle central. Présent dans le pays depuis 2012, le constructeur français dispose à Tanger de la plus grande usine du groupe dans le monde. Cette gigantesque plateforme industrielle, employant près de

7 000 personnes, a assemblé à elle seule plus de 312 000 véhicules en 2024, principalement sous la marque Dacia.

Le site de Tanger se distingue non seulement par ses volumes de production, mais aussi par sa modernité. Il est aujourd’hui entièrement dédié à la marque à bas coûts Dacia, qui cartonne sur le marché européen avec son modèle phare : la Dacia Sandero, vendue à partir de 12 990 euros, et qui demeure la voiture la plus vendue en Europe. Renault y diversifie aussi sa production avec des modèles innovants comme les quadricycles électriques Bento et Duo, destinés à la mobilité urbaine via sa marque Mobilize. À partir de juin 2025, le break familial Jogger viendra également enrichir les chaînes de montage de Tanger.

Mais l’implantation du groupe Renault ne se limite pas à Tanger. À Casablanca, un second site plus compact produit 100 000 véhicules par an. Et les ambitions ne s’arrêtent pas là : un centre d’ingénierie est en train d’émerger à Tétouan, avec une centaine d’ingénieurs en activité, un chiffre appelé à croître rapidement. Le Maroc s’affirme ainsi non seulement comme un territoire de production, mais aussi d’innovation et de conception.

La stratégie du groupe Renault s’inscrit dans une dynamique d’exportation massive. « 80 % de notre production au Maroc est destinée au marché européen, notamment en France, en Espagne, en Italie et en Allemagne », indique Christophe Dridi, directeur industriel de Dacia. Cette orientation exportatrice témoigne de la compétitivité du Royaume, tant en matière de coûts que de qualité de production.

Face à cette dynamique marocaine, l’Algérie semble reléguée au second plan. Malgré les annonces récurrentes de partenariats industriels et les tentatives de relancer une industrie automobile nationale, les résultats restent décevants. Le pays ne dispose toujours pas d’infrastructures industrielles solides dans ce secteur, ni d’une stratégie cohérente d’exportation ou d’intégration locale. Les rares projets lancés ces dernières années ont souvent été suspendus ou ralentis par des obstacles bureaucratiques, un manque de vision claire, ou des blocages réglementaires.

Ce décalage croissant entre les deux pays reflète des choix politiques et économiques divergents. Le Maroc a su capitaliser sur sa stabilité, sa proximité avec l’Europe, la qualité de ses infrastructures logistiques (notamment le port Tanger Med), et une politique industrielle volontariste. Résultat : un écosystème automobile performant, avec un taux d’intégration locale en constante progression, une main-d’œuvre qualifiée, et des perspectives de croissance toujours plus ambitieuses.

En somme, le Maroc consolide sa place de leader continental dans l’industrie automobile, tandis que l’Algérie, malgré un potentiel non négligeable, reste encore en marge de cette transformation.

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