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jeudi 15 mai 2025
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Port du voile en Belgique : une circulaire ministérielle fait polémique

La question du port du voile continue de cristalliser les tensions en Belgique. Dernière controverse en date : une note adressée le 24 avril 2025 par la ministre fédérale de la Fonction publique, Vanessa Matz, aux hauts fonctionnaires. Ce document, dont le contenu a été révélé par le collectif « Les 100 diplômées », suscite l’indignation. Ces femmes musulmanes diplômées, engagées dans la lutte contre les discriminations, y voient une tentative de cartographier les femmes portant le foularddans les services publics. Pour elles, il s’agirait d’une forme déguisée de fichage communautaire, incompatible avec les principes d’égalité et de liberté individuelle.

La ministre dément catégoriquement cette lecture et se défend d’avoir voulu stigmatiser. « Je tombe de ma chaise quand je lis cela », a-t-elle déclaré dans les colonnes de La Libre Belgique. Elle précise que sa démarche s’inscrit dans une volonté d’appliquer l’accord gouvernemental sur la neutralité dans la fonction publique, adopté en janvier dernier. « Pour y parvenir, il faut comprendre ce qui se passe réellement sur le terrain. N’est-ce pas légitime qu’une ministre cherche à connaître les pratiques en vigueur et le vécu des agents dans les différents services ? »interroge-t-elle. Elle insiste également sur le fait que la réalité varie fortement d’un service à l’autre, rendant nécessaire un diagnostic précis avant toute mesure réglementaire.

Ce débat s’inscrit dans un contexte belge complexe, où la neutralité de l’administration est au cœur de l’identité de l’État, mais où la mise en œuvre de cette neutralité se heurte à des conceptions parfois opposées. L’accord de coalition de janvier 2025 a d’ailleurs relancé cette question. Le gouvernement y affirme que chaque citoyen a droit à des services publics neutres et de qualité, et s’est engagé à instaurer, après consultation, un code vestimentaire commun ou un uniforme dans l’administration. Toutefois, cet engagement se heurte à une réalité plurielle, où la diversité culturelle et religieuse des fonctionnaires pose de nouvelles questions sur les limites de la neutralité, notamment en matière de signes religieux visibles.

Pour les membres du collectif Les 100 diplômées, cette mesure risque d’exclure davantage les femmes musulmanes du marché de l’emploi public, alors même qu’elles sont déjà sous-représentées. Elles soulignent qu’au lieu d’instaurer une égalité réelle, ces politiques de neutralité risquent d’aggraver les discriminations. « Sous couvert de neutralité, on fabrique de l’exclusion », affirment-elles dans un communiqué.

La Belgique se retrouve ainsi une nouvelle fois confrontée à ses contradictions : garantir un service public neutre tout en respectant les droits fondamentaux de ses agents, dans un État qui se veut pluraliste. Le débat sur le port du voile dans la fonction publique, loin d’être tranché, révèle les tensions entre principes universels, réalités sociales et sensibilités politiques.

Alors que le gouvernement prépare ses futures orientations en la matière, une chose est sûre : le dialogue devra être approfondi et inclusif s’il veut éviter de transformer une mesure de gouvernance en un symbole d’exclusion.

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