Ad Astra est le nom de la nouvelle exposition individuelle de Mohamed El Baz, dont le vernissage a eu lieu début 2024 à l’Atelier 21, à Casablanca, la sixième. Mohamed El Baz, on le sait, est cet artiste cosmopolite, « citoyen-créateur du monde », qui vit entre Lille, Paris et Casa. Le plasticien, qui, tel un philosophe, travaille avec les concepts, a fait de l’expression de Cioran, « Bricoler l’incurable », sa propre définition de l’art.
Cette fois, l’artiste invite le spectateur à une immersion dans une nouvelle espèce d’espace : celui d’un assemblage aussi improbable qu’évident. C’est la force, la puissance tant conceptuelle qu’esthétique de Mohamed EL Baz que de faire se rejoindre, dans un dialogue aussi hilarant que tragique, aussi kitch que contemporain, deux univers que rien ne prédisposait à se parler. Pour créer un monde parallèle où des savons jouxtent des astres.
De cette conjonction inhabituelle entre le trivial et le transcendant naît cette déflagration poétique qui a fait la réputation de l’artiste. Dans la préface du catalogue d’exposition, l’écrivain Olivier Rachet établit ce constat : « Mohamed El Baz en est convaincu : le néant se regarde, et c’est à partir de ce face-à-face tout aussi tragique que dérisoire que des images peuvent se construire, se fabriquer et se donner à voir.
L’ambition de cette halte que constitue pour l’artiste chaque nouvelle exposition est tout d’abord d’ordre cosmogonique. Il s’agit de commencer par regarder le ciel, l’espace, les nuages, c’est-à-dire notre origine disparue et notre solitude suprême. » Et de poursuivre : « Regarder le monde à partir d’un point de fuite ou d’une ligne d’horizon impossible qui intègrerait tous les savoirs et les non-savoirs, les contradictions inhérentes à notre nature humaine toujours plus ou moins déchue, jusqu’aux conflictualités qui font l’Histoire en train justement de se tramer ou de se défaire en permanence sous nos yeux ».