Dans un contexte marqué par une flambée persistante des prix de l’immobilier et une forte pression sur le marché locatif, le gouvernement marocain semble vouloir prendre le taureau par les cornes. Adib Ben Ibrahim, Secrétaire d’État au Logement, a récemment dévoilé les grandes lignes d’une nouvelle approche du ministère de l’Aménagement du Territoire National, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville. Objectif : rendre l’accès au logement plus équitable, notamment pour les classes moyennes et les jeunes actifs.
Le constat est sans appel : les prix à l’achat continuent de grimper dans la plupart des villes, tandis que les loyers atteignent des niveaux difficilement soutenables pour de nombreux ménages. À cela s’ajoute une pénurie chronique de logements de qualité à des prix raisonnables. « Il est temps d’envisager un modèle différent, plus en phase avec la réalité socio-économique du pays », a déclaré le Secrétaire d’État, en soulignant la nécessité de diversifier l’offre de logements et d’adapter les politiques publiques à l’évolution des besoins.
Dans cette optique, une étude est actuellement en cours afin d’évaluer la faisabilité de la création d’un parc national de logements locatifs à prix modéré. L’idée serait de mettre sur pied un stock de logements spécifiquement conçus pour la location, avec des loyers encadrés, inférieurs à ceux du marché. Ce dispositif pourrait s’inspirer d’expériences internationales réussies, où les collectivités locales et l’État jouent un rôle de régulateur, en collaboration avec les opérateurs privés et les bailleurs sociaux.
Le ministère n’écarte pas la possibilité de recourir à des incitations fiscales, à des partenariats public-privé, voire à des mécanismes de subvention ciblés, pour encourager la construction de ces logements abordables. L’objectif affiché est double : soulager la pression sur le marché locatif et offrir une solution viable à des milliers de ménages exclus du marché de la propriété.
Si ce projet venait à se concrétiser, il marquerait un tournant important dans la politique de l’habitat au Maroc, longtemps centrée sur l’accession à la propriété. Il offrirait également une alternative réaliste à une population de plus en plus mobile et confrontée à des parcours résidentiels fragmentés.
Les premiers résultats de l’étude devraient être rendus publics d’ici la fin de l’année 2025, et une phase pilote pourrait voir le jour dans certaines grandes villes comme Casablanca, Rabat, Tanger ou Marrakech, où la pression immobilière est particulièrement forte. Pour les citoyens, c’est l’espoir de voir enfin émerger une offre adaptée à leur pouvoir d’achat, dans un marché aujourd’hui largement inaccessible.