A 43 ans, Youssef Badr, un magistrat français d’origine marocaine, s’illustre dans l’Hexagone. Celui qui occupe le poste de premier vice-président adjoint au tribunal judiciaire de Bobigny (commune située en région Île-de-France) a été récemment honoré en étant promu au grade de chevalier de l’Ordre national du Mérite, une distinction qui reconnaît ses 16 années de service au sein de la 18e chambre correctionnelle. Cette nomination a été officialisée par un décret du Président de la République dans le Journal officiel du 18 janvier 2025.
Issu d’un milieu modeste, Youssef Badr est le fils d’une mère femme de ménage et d’un père ouvrier du bâtiment, originaires du Souss,venus en France dans les années 1970. Ses parents se sont battus pour subvenir aux besoins de leur famille. Youssef est l’avant-dernier d’une fratrie de cinq enfants.
Il travaille dur pour financer ses études…
Dès sa tendre enfance, il a nourri l’ambition de devenir avocat. Il a travaillé dur pour financer ses études en carrières juridiques à l’université Sorbonne-Paris-Nord. Puis, il réussit le concours d’entrée à l’École nationale de la magistrature en décembre 2007. Il lui était difficile de trouver des stages, sans réseau et avec un CV souvent perçu négativement en raison de sa ville natale. Mais il s’est accroché à son rêve jusqu’au bout.
Youssef Badr a occupé en 2010 le poste de substitut du procureur de la République au tribunal de grande instance de Meaux. Deux ans plus tard, en 2012, il rejoint le parquet du tribunal de grande instance de Bobigny, où il se spécialise dans les violences conjugales et les affaires criminelles. En 2016, il est nommé substitut au tribunal de grande instance de Paris, avant d’assumer le rôle de porte-parole du ministère de la Justice entre 2017 et 2019. Sa carrière prend un tournant significatif en juillet 2022, lorsqu’il est nommé premier vice-président adjoint au tribunal judiciaire de Bobigny.
Un combat pour la justice et l’égalité des chances
Même en dehors du monde de la magistrature, Youssef Badr s’engage dans un combat pour la justice et l’égalité des chances. En 2021, il a fondé l’association La Courte Échelle qu’il préside toujours. Cette association s’est assignée pour mission d’offrir aux jeunes issus de milieux défavorisés des opportunités pour poursuivre leurs études en droit. Elle vise aussi à prévenir l’abandon scolaire grâce à un soutien académique. A ce jour, on compte plus de 7000 bénéficiaires. L’association aide les étudiants à trouver des stages, à se préparer aux concours et propose un parrainage par des professionnels du secteur. Bref, Youssef tente chaque fois de leur offrir ce dont il s’est privé durant son cursus académique.
Sa détermination, sa force mentale et les abnégations de ses parents (son père est décédé en décembre 2024) ont forgé sa forte personnalité. Il ne ménage aucun effort pour donner toutes leurs chances de réussite à des personnes issues de milieux modestes, afin qu’ils améliorent leurs vies.
Somme toute, ce jeune magistrat est une figure inspirante pour les générations actuelles et futures de Marocains établis à l’étranger.